L'Otan serre les rangs sur l'Afghanistan et fait pression sur le Pakistan
L'Otan a déclaré lundi "irréversible" le processus de retrait de ses soldats d'Afghanistan la fin 2014 tout en affirmant sa détermination aider Kaboul sur le long terme pour empêcher le retour des talibans.
Pour la seconde journée de son sommet Chicago, l'Alliance a voulu démontrer sa force et son unité: elle a réuni autour d'une immense table les dirigeants des 50 pays participants l'opération en Afghanistan, des Etats-Unis au Luxembourg en passant par la Nouvelle-Zélande.
Au del du symbole, l'enjeu était d'affirmer la volonté de tous d'"aller au bout de la mission", comme l'a déclaré le président américain Barack Obama, son homologue afghan, Hamid Karzaï, assis ses côtés.
Pour cela, les dirigeants des 28 pays membres de l'Alliance ont renouvelé leur soutien au calendrier établi lors de leur précédent sommet, Lisbonne en 2010. Ce processus est "irréversible", ont-ils souligné dans leur déclaration.
La responsabilité de la sécurité aux forces afghanes sera transférée "d'ici la mi-2013" et les troupes internationales passeront alors un rôle de soutien jusqu' leur retrait la fin 2014, selon le texte.
"La mission de combat dirigée par l'Otan prendra fin" cette date. Mais l'Alliance atlantique continuera d'apporter "un solide soutien politique et pratique long terme" au gouvernement afghan.
Elle se dit donc "prête travailler l'établissement, la demande du gouvernement de la République islamique d'Afghanistan, d'une nouvelle mission pour l'après-2014", précise la déclaration.
"Au moment où les Afghans sont appelés prendre plus de responsabilités, ils ne seront pas abandonnés", a promis le président Obama.
En attendant, l'Alliance doit préparer l'immense chantier de retrait des 130.000 soldats actuellement présents et de la quantité énorme de matériel militaire accumulée en une décennie de guerre.
L'un des obstacles les plus urgents résoudre est le blocage des routes de ravitaillement entre le Pakistan et l'Afghanistan pour les convois de l'alliance militaire.
Les dirigeants de l'Otan ont appelé lundi le Pakistan réouvrir ces lignes de communication "dès que possible".
Ils mettent ainsi la pression sur le président pakistanais Asif Ali Zardari, invité de dernière minute Chicago.
Washington juge "inacceptable" le prix du droit de passage exigé par le Pakistan qui s'élèverait, selon plusieurs médias américains, 5.000 dollars par conteneur, soit 30 fois qu'avant la fermeture.
Dans ce contexte, la décision du nouveau président français François Hollande de retirer les troupes combattantes dès la fin de 2012, deux ans avant le calendrier de l'Otan, n'a guère soulevé de vagues.
Le général américain John Allen, commandant des forces de l'Otan en Afghanistan (Isaf), a affirmé que ce retrait n'entraînera "pas de dégradation de la sécurité" dans la région de Kapisa (est) qui était sous contrôle français.
Pour l'après-2014, la priorité générale est de garantir le financement des forces de sécurité pour un coût de 4,1 milliards de dollars par an partir de 2015.
Les Etats-Unis devraient y contribuer hauteur de plus de la moitié et l'Etat afghan pour 500 millions, ce qui laisse environ 1,3 milliard se répartir entre les autres. Le secrétaire général de l'Otan a indiqué dimanche avoir "bon espoir" que les objectifs soient atteints.
Le sommet se terminera en début d'après-midi après avoir placé Chicago, la ville de Barack Obama, sous haute sécurité pendant plusieurs jours. Des manifestations d'ampleur modérée ont rassemblé durant le weekend quelques milliers de personnes l'appel d'associations pacifistes ou anti-capitalistes.